Question de droits

Les causes de la guerre du Chaco sont multiples. Depuis le milieu du XIXème siècle, la Bolivie et le Paraguay se querellent sur la question de leurs frontières dans la région du Gran Chaco. La région est chaude, désertique ou marécageuse, et est habitées par quelques rares tribus indiennes nomades. Afin de régler la question de droit on faisait appel à l'uti possidetis (principe du droit américain signifiant « Comme vous possédez») et l'uti possidetis juris qui ajoute la notion de droit de possession d'un territoire par un état (en référence aux divisions administratives définies après l'émancipation des colonies d'Amérique du sud vis à vis de la Couronne d'Espagne en 1810). Le titre doit-il l'emporter sur l'occupation? La Bolivie et le Paraguay se disputent alors les textes et les cartes, lancent des expéditions et postent quelques garnisons militaires dans des fortins pour occuper le territoire.

Episodes diplomatiques

Entre 1864 et 1870, suite au renversement du gouvernement uruguayen, la guerre de la Triple Alliance oppose quatre pays du bassin du rio de la Plata (coalition Brésil, Argentine et Uruguay contre le Paraguay). Ce conflit, désastreux pour le Paraguay, a été l'occasion pour l'Argentine de tirer à son avantage le redécoupage de territoire Paraguayen défini en 1810.

En 1876, dans le traité de Machain-Irigoyen, l'argentine demande l'arbitrage du Chaco Boréal par le Président des Etats-Unis Rutherford Hayes. En 1878, la décision est rendue que le territoire appartenait de droit au Paraguay. N'ayant pas été consultée dans cet arbitrage, la Bolivie refuse de reconnaitre cette décision.

En 1879, la Bolivie connait une lourde défaite lors de la guerre du Pacifique contre le Chili. Le risque de perdre de l'accès maritime se dessine. La Bolivie se tourne alors vers le Paraguay (pas encore remis du conflit 10 ans plus tot) pour demander l'accès au fleuve Paraguay ouvrant vers les ports de l'Atlantique.

Pendant plusieurs années, les deux pays entament des négociations. Des tentatives d'accords se succèdent mais suivis d'aucune ratification ou négociés avec reserves. Le gouvernement bolivien se montre de plus en plus insistant pour mettre en oeuvre un plan d'occupation progressif du Chaco et asseoir sa souveraineté jusqu'au 24ème parallèle. En 1908, le futur président Bautista Saavedra déclare: "El acceso a la margen occidental del río Paraguay debe ser resultado de un plan graduado progresivo y seguro de apropiación del Chaco, de su incorporación al territorio boliviano. La acción ofensiva del Paraguay nunca podrá perjudicarnos mayormente. La única situación inequívoca de las naciones es la fuerza… Solo los débiles creen en el derecho…".

Déclenchement du conflit

Les premiers incidents se produisent vers 1920. Ils sont de plus en plus fréquents, avec des attaques répétées sur les fortins de part et d'autres. En 1927, le chef de patrouille paraguayen Rojas Silva devient la première victime de la guerre du Chaco, lors de l'attaque du fortin "Sorpresa". Après la guerre civile de 1922, la situation au Paraguay se stabilise et le pays se prépare à la guerre.

Touchée par la crise économique mondiale de 1929, la Bolivie amène les ultra nationalistes au pouvoir. En 1931, le président Daniel Salamanca arrive au pouvoir en Bolivie. Il durcit la politique à l'égard du Chaco en renforçant les effectifs militaires boliviens sur la ligne de démarcation. Le 15 juin 1932, les troupes paraguayennes détruisent un fortin situé au bord de la lagune Chuquisaca. Cette lagune représente un intérêt stratégique majeur car c'est une des rares réserves d'eau douce au coeur de cette vaste région désertique. Cet événement marque le début de l'escalade militaire qui a mené les deux pays à la guerre. Peu de temps après, c'est au tour des troupes paraguayennes de reprendre le fortin, les boliviens réagissent en attaquant d'autres fortins...

Bien qu'en supériorité numérique, les forces boliviennes (250,000 soldats) ne parviennent pas à prendre le dessus. Les troupes paraguayennes (150,000 soldats) sont habituées à la nature hostile du terrain et à la rigueur du climat contrairement aux soldats de l'altiplano.

Le 14 juin 1935, la Bolivie et le Paraguay signent l'armistice d'une guerre qui a fait 55,000 morts du côté bolivien et 40,000 morts du côté paraguayen. La Bolivie cède les trois quarts du Chaco Boréal au Paraguay.