2000 : La guerre de l'eau

En 1999, le gouvernement bolivien suit les recommandations de la Banque Mondiale en confiant la gestion des eaux de Cochabamba à la compagnie privée "Aguas del Tunari", filiale de la compagnie californienne Bechtel. Suite à la privatisation, le prix de l'eau a augmenté de 50 %, ce qui provoque le mécontentement des habitants les plus pauvres de la région. En avril 2000, de violents affrontements éclatent à Cochabamba pour la "guerra del agua" (guerre de l'eau). Evo Morales est un des leaders du mouvement de protestation paysanne. Le gouvernement bolivien est forcé de rompre le contrat d'exploitation de la compagnie Bechtel et à verser à cette dernière de lourdes compensations financières (25 millions de dollars).

La guerre de l'eau est un exemple moderne montrant la puissance écrasante de compagnies multinationales qui tirent profit des pays les plus pauvres de la planète. C'est aussi le symbole de la résistance d'un peuple pour faire reconnaître l'eau comme un bien publique.

2001

  • Pendant son mandat, Banzer parvient à réduire de manière drastique les plantations illégales de coca destinées à la fabrication de drogue (dans la région du Chapare). Mais la résistance des paysans s'organise (manifestations, blocage des voies stratégiques de communication), et la police et l'armée commencent à subir de lourdes pertes.
  • En janvier, une grande partie de la Bolivie est ravagée par 8 semaines de pluies torrentielles.
  • Le 7 août, le vice président Jorge Fernando Quiroga Ramirez remplace le président Banzer pour des raisons de santé.

2002

  • Le 21 Février, une tempête de grêle dévaste le centre de La Paz causant la mort de 63 personnes.
  • Le 5 mai, Banzer meurt d'un cancer du poumon après avoir été soigné aux USA.
  • Le 6 août, Gonzalo Sanchez de Lozada est élu (pour la deuxième fois de sa carrière) à la présidence de la république bolivienne, devançant de peu (1 % des votes) le leader de la confédération paysanne Evo Morales.

2003-2005: La guerre du gaz

  • En février 2003, de violentes manifestations (mort de 36 personnes dans des heurts opposant policiers et militaires) obligent Lozada à retirer son projet de loi instaurant une taxe sur le revenu.
  • 31 mars 2003: Glissement de terrain dans la communauté minière de Chima (région des Yungas) faisant 69 morts.
  • Un autre projet d'exportation du gaz bolivien à prix réduit vers les Etats-Unis et le Mexique par des gazoducs traversant le Chili provoque de nouvelles émeutes, au cours desquelles 120 manifestants trouveront la mort. Le 17 octobre 2003, Lozada démissionne et quitte dans la précipitation le pays à destination des Etats-Unis (son mentor de toujours). Son vice président, le journaliste et historien Carlos Mesa le remplace.
  • Mesa établit un gouvernement de transition, sans étiquette politique, qui tâche de solutionner les différents problèmes du pays par la voie du dialogue: en 2004, Mesa entreprend plusieurs actions pour plaider l'accès de la Bolivie à la mer (diplomatie avec le Chili, revendication durant le sommet des Amériques, lettre au secrétaire général de l'ONU); Il est confronté au problème de la nationalisation des hydrocarbures (syndicats ouvriers face aux compagnies étrangères), et de l'éradication de la coca (paysans cocaleros face à la pression américaine).
  • En juin 2005, le pays, secoué par une nouvelle crise sociale, est au bord de la guerre civile. L'opposition (principalement la communauté indigène la plus défavorisée) juge insuffisante les mesures annoncées par le gouvernement en matière de taxation des compagnies pétrolières étrangères, et réclame la nationalisation totale des hydrocarbures (capitalisés depuis 1997). De plus, certaines provinces, dont les riches provinces pétrolières de l'est (Santa Cruz et Tarija), réclament leur indépendance. Le président Mesa démissionne le 6 juin après trois semaines de manifestations (80 000 paysans et ouvriers à La Paz) et blocus paralysant les principaux axes routiers du pays et asphyxiant la capitale. Le président de la cour suprême Eduardo Rodríguez Veltzé est nommé président de la république par intérim jusqu'à la tenue de nouvelles élections anticipées.

La guerre du gaz s'inscrit dans la mouvance altermondialiste actuelle, mouvement citoyen contestataire qui gagne en puissance sur tous les continents et mettant en difficulté les pouvoirs traditionnels existants (manifestations systématiques aux forums de l'OMC, rejet du référendum européen en France, crise politique en Equateur...).

2006 : Le mouvement altermodialiste

  • Le 20 décembre 2005, Evo Morales est élu président de la Bolivie au premier tour (53 % des voix). C´est un événement politique important. Morales est le premier président amérindien de Bolivie et mais aussi d´Amérique latine. Les deux grands thèmes de la campagne électorale de Morales concernent la nationalisation des ressources naturelles et la légalisation de la coca, de quoi préoccuper sérieusement les Etats Unis... Cette nouvelle élection confirme le basculement à gauche de l´Amérique latine, et la montée en puissance de la vague anti-libérale qui déferle sur la planète.

  • Janvier : Evo Morales forme son gouvernement et entame une tournée diplomatique internationale pour rassurer les pays européens et le Brésil sur ses intentions de nationaliser les hydrocarbures.
  • 1 mai : Evo Morales décrète la nationalisation des hydrocarbures. L´armée est envoyée vers les sites d´exploitation pour en prendre le contrôle. Quelques jours plus tard, les grandes compagnies étrangères acceptent de renégocier leur contrat avec l´état bolivien.
  • Mai : Evo Morales est le président vedette du Sommet Union Européenne-Amérique Latine et Caraibes réuni a Vienne en Autriche
  • Juin : Evo Morales lance son plan de réforme agraire pour redistribuer aux populations indiennes les plus pauvres des terrains en friche appartenant à l´état.
  • 30 juin : La Bolivie élit les 255 membres de l´Assemblée Constituante en charge de rédiger une nouvelle constitution qui devrait rendre les amérindiens maîtres de leur destin. Le même jour, référendum sur l´autonomie régionale des 9 départements boliviens.
  • 6 août : l´Assemblée Constituante s´installe à Sucre
  • Septembre : L´état de grâce s´achève pour Evo Morales. Un mouvement de grève organisé par l´opposition libérale paralyse plusieurs régions économiques du pays, pour protester contre la nationalisation des hydrocarbures et la réforme agraire.
  • Octobre : des milliers de mineurs de coopératives lancent un assaut pour prendre le contrôle de la mine d´étain de Huanuni (Oruro) tenue par l´entreprise publique COMIBOL. Les affrontements avec les travaileurs locaux sont violents (dynamite et armes à feu) et font 16 victimes avant que l´armée n´intervienne pour ramener le calme.
  • Décembre : les dirigeants sud americains se reunissent en Bolivie pour le Sommet de la Communauté sud-américaine. pour une plus grande unité politique et économique du continent, le président brésilien Lula propose la création d´un Parlement des pays d´Amérique latine.

2007-2020 : Le pays se divise

  • Inondations, sécheresse et averses de grêle s´abattent sur le pays pendant les trois premiers mois de l´année 2007 (année de Niño). Les départements de Santa Cruz et du Béni sont touchés par les pires inondations depuis 25 ans. On dénombre 35 morts et 35 0000 sinistrés, et de sérieux dégâts causés au bétail et aux cultures et routes. Evo Morales déclare l´état de catastrophe naturelle.
  • La ville de Sucre revendique le droit de redevenir la capitale de Bolivie, comme elle l'était jusqu'en 1899, mais Evo Morales refuse le transfert des parlement et palais présidentiel depuis La Paz vers Sucre. De nombreuses manifestations violentes éclatent à Sucre (3 morts), où les partisans du transfert de la capitale empêchent l'Assemblée Constituante de siéger depuis plusieurs mois.
  • Le 14 octobre 2007, le président vénézuélien Hugo Chavez annonce depuis Cuba que le Vénézuéla ne resterait pas les bras croisés si l'oligarchie bolivienne tentait de renverser ou d'assassiner Evo Morales, et que la lutte pour la dignité du peuple bolivien pourrait être le Vietnam des mitrailleuses.
  • A la surprise générale, le 26 novembre 2007, l'Assemblée constituante parvient a se réunir dans une caserne de Sucre sous la protection de la police et de l'armée. Le texte de la nouvelle constitution est approuvé à la majorité des deux tiers par les partisans d'Evo Morales, en l'absence de l'opposition. Les partis politiques d'opposition ainsi que cinq des neuf régions du pays (en particulier Santa Cruz, leader de l'opposition libérale et conservatrice) dénoncent le caractère illégal de cette nouvelle constitution.
  • Décembre 2007 : le processus d'autonomie entamé à la fin de l'année 2006 par les quatre départements les plus riches de Bolivie (Santa Cruz, Tarija, Pando et Beni) semble de plus en plus inévitable. On compte de nombreuses manifestations de soutien dans les grandes villes du pays.
  • La situation politique du pays est tendue, des renforts de police sont envoyés à Santa Cruz où des manifestations éclatent, l'armée est placée en état d'urgence. Des diplomates européens rencontrent Evo Morales pour lui faire part de leurs préoccupations. Plusieurs ambassades déconseillent aux touristes de venir en Bolivie et se préparent à une éventuelle évacuation de leurs ressortissants.
  • Le 4 mai 2008, lors d'un referendum organisé par le gouverneur de la province de Santa Cruz, et jugé illégal par le président Morales, près de 85 % des électeurs se prononcent pour l'autonomie de la région (i.e. droit de gestion de ses propres ressources et forces de police), relançant a nouveau la crise politique dans le pays.
  • Nationalisation du secteur des hydrocarbures en 2008 qui entrainera une baisse significative des investssements privés et des exportations.
  • Après référendum, la Bolivie devient l'Etat plurinational de Bolivie le 26 janvier 2009, faisant ainsi reconnaitre les peuples indigènes. La constitution est modifiée pour donner le droit à briguer un deuxième mandat présidentiel consécutif. Les 36 langues autoctones sont officiellement reconnues au même titre que l'espagnol, et tous les peuples indigènes sont désormais représentées à l'Assemblée législative constitutionnelle (anciennement Congrès national) et au Tribunal constitutionnel. Le référundum obtient 60 % pour le oui, mais le non sort gagnant dans 4 des 9 départements : la Bolivie continue de se diviser.
  • Le deuxième mandat présidentiel d'Evo Morales débute le 23 janvier 2010.
  • Modernisation des transports à La Paz en 2014 : Mise en service du téléphérique urbain le plus haut du monde (construit par la société autrichienne Doppelmayr), et du service de bus municipaux modernes PumaKatari.
  • Modification de la constitution en 2017 : il n'y a plus de limite de mandats présidentiels. C'est la porte ouverte à un troisième mandat de président pour Evo Morales.
  • Le pays s'enflamme à l'annonce des résultats de réélection au premier tour d'Evo Morales (sa quatrième consécutive) le 20 octobre 2019, jugés frauduleux par ses opposants. A la sortie du rapport de l'OEA (Organisation des Etats américains) confirmant une manipulation du scrutin, Evo Morales est contraint de démissionner, sous la pression de l'armée. Il s'exile en Argentine. La sénatrice de l'opposition Jeanine Añes prend le pouvoir de la présidence de l'État plurinational de Bolivie le 12 novembre 2019. L'agitation sociale se poursuit dans les semaines qui suivent, ce qui conduit à l'organisation de nouvelles élections générales fin 2020 après deux reports dus à la pandémie Covid.
  • Le Mouvement vers le socialisme (MAS) revient au pouvoir le 8 novembre 2020 avec l'élection du président Luis Arce. Le lendemain de l'investiture, Evo Morales revient en Bolivie après 11 mois d'exil. En 2021, Jeanine Añes est arrêtée pour acte de « sédition et terrorisme » qui lui a permis de prendre le pouvoir en 2019. Pour ce « coup d'État » contre Evo Morales, elle est condamnée à dix ans de prison en 2022.